【Symbiosis International Media of Canada】
Les camps de rééducation au Xinjiang, qu'en est-il?
Auteur : Lisa Carducci, écrivaine et poétesse québécoise
ASSEZ!
Depuis trois mois que je me dis : Aujourd’hui je vais écrire encore une fois (la dernière) sur la question des « Ouigours » de Chine. Puis, je me dis que ça ne sert à rien, que ceux qui ne comprennent pas ne veulent pas comprendre; ou que ma petite voix individuelle ne peut se faire entendre au milieu des bruits produits par les médias « officiels » …
À propos, d’où ces médias tiennent-ils leurs « renseignements »? Combien de ces journalistes sont-ils allés personnellement au Xinjiang, rencontrer des Ouighours, et voir de leurs yeux ces fameux camps de rééducation dont on parle tant? Combien parlent ou lisent le chinois, de façon à accéder personnellement aux sources d’information chinoises ? Car le Xinjiang est une des cinq régions autonomes de la Chine, si vous ne le saviez pas; les quatre autres sont le Guangxi, la Mongolie intérieure, le Ningxia et le Tibet.
Pourquoi ces cinq parties de la Chine ne sont-elles pas des « provinces » ordinaires? Eh bien, c’est que la Chine respecte les « cultures » minoritaires autant que « la » culture chinoise. Quand, dans une région donnée, une population particulière est en nombre considérable, supérieur à la population « han » (chinoise), cette région forme son propre gouvernement, et sa langue propre devient aussi officielle que la langue chinoise – qui, depuis la réalisation de l’instruction obligatoire, est accessible dans toutes les écoles du pays. Des cinq groupes autonomes que j’ai nommés, seuls les musulmans du Ningxia ont pour langue officielle le chinois (pas de langue « à eux »).
Je revois encore le président Xi Jinping qui, au début de son mandat, avait déclaré que l’objectif de « l’instruction obligatoire » devrait être réalisé « avant la fin du siècle ». Et cela a été fait. Pas un Chinois peut dire qu’il ne sait pas lire parce qu’il n’y a pas d’école dans sa région; pas un citoyen peut dire qu’il ne parle pas la langue nationale parce que personne n’a pu la lui enseigner.
Or, les Ouighours (une des cinq « nations » autonomes) ont fait fi du projet national. Ils ont continué d’ignorer le chinois, ont négligé l’éducation des filles, et ont fait fi de l’instruction obligatoire. Bien sûr, ils ont des artisans talentueux, mais ils ne peuvent commercer avec le reste du pays, faute de communication possible. Leurs femmes et filles restent à la maison,sans vie personnelle, comme des esclaves. Etc. L’État (Xi Jinping) a décidé que c’en était fini de cette époque moyenâgeuse, et que tous les citoyens chinois – y compris les Ouighours – devraient se soumettre à la politique de nationalisation ou bien, on les y contraindrait. Après plusieurs années de sollicitation infructueuses, le Gouvernement a dû passer aux actes : ouvrir des camps d’instruction forcée, d’où on ne sortirait qu’après avoir appris la langue « nationale » et un métier!
Je ne vois dans ces mesures aucun abus de pouvoir. Imaginez qu’une nation minoritaire du Canada, ou du Québec, disons les Italiens par exemple, refusent d’aller à l’école (obligatoire jusqu’à 16 ans) parce qu’on y enseigne le français et/ou l’anglais. Ils ne pourraient donc pas fréquenter une école de métier non plus, et vivoteraient à l’écart de la « nation canadienne ». Bref, c’est ce qui est arrivé avec les Ouighours.
Je ne me souviens plus depuis combien d’années l’instruction est devenue obligatoire au Xinjiang, mais je me souviens d’avoir visiter une école, en 2005, où les filles étudiaient le maniement de l’ordinateur. Dans le district de Burqin, le gouvernement avait incité 3 415 familles kazakh, auparavant nomades, à changer leur mode de vie en leur distribuant des terres et leur apprenant à cultiver le fourrage et le maïs, tandis que leurs enfants, auparavant laissés à eux-mêmes, fréquentaient maintenant l’école.
Dans un village tibétain de la province du Yunnan, que j’ai visité plusieurs fois, chaque famille avait reçu de l’État un téléviseur gratuit. Mais dans chaque foyer, le « meuble » était recouvert d’un drap, personne ne regardait la télé. Pourquoi? À ce moment-là (2003), la télé parlait « chinois » -- une langue inconnue de cette population illettrée – et les sous-titres tibétains n’aidaient personne puisque tous étaient illettrés.
Ma première fille tibétaine, dont j’ai défrayé les études universitaires à Lhassa, au Tibet, est rentrée dans son village du Yunnan avec des techniques agricoles qu’elle avait observées au Tibet (comme partir la culture des choux sous une tente au printemps), et qui ont changé la vie de son village – où elle était la seule personne instruite!
Que l’instruction obligatoire soit la clé de tout progrès humain, personne ne peut le contester, et le Gouvernement de la Chine le sait. En ayant – après maints avertissements et sollicitations – les Ouighours , ceux qui avaient besoin de rééducation ont obligés une formation linguistique et métier dans des camps d’éducation, c’était l’unique solution. Aujourd’hui, les Ouighours vivent normalement et sont heureux.
Dernier mot: C’est une jeune Ouighoure qui a été nommée pour allumer la flamme des récents Jeux Olympiques de Beijing.(Beijing et non Peking, Pékin, Pechino, etc...comme certains ne l’ont pas encore compris…)
éditeur : Hu Xian